Vu dans France Bleu : "Un détenu condamné à huit ans de prison pour une prise d'otages à Condé-sur-Sarthe en 2021" - Thomas JOURDAIN-DEMARS
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Vu dans France Bleu : “Un détenu condamné à huit ans de prison pour une prise d’otages à Condé-sur-Sarthe en 2021”

Vu dans France Bleu : “Un détenu condamné à huit ans de prison pour une prise d’otages à Condé-sur-Sarthe en 2021”

Le cabinet intervenait pour les parties civiles.

 

“Un détenu condamné à huit ans de prison pour une prise d’otages à Condé-sur-Sarthe en 2021

Il avait pris deux surveillants en otage à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) en 2021. Sofiane Rasmouk, un détenu de 36 ans, a été condamné à huit ans de prison par le tribunal d’Alençon ce jeudi. Deux ans et demi plus tard, les deux surveillants sont encore en état de stress post-traumatique.

“Cela faisait un mois que Sofiane Rasmouk était arrivé au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe quand il a pris en otage deux surveillants le 5 octobre 2021. Ce détenu de 36 ans, condamné à la perpétuité en 2018 pour des viols d’une cruauté inouïe, venait d’être transféré de Poissy pour des raisons disciplinaires. Et depuis son arrivée, il semblait déterminé à agir. Ayant aiguisé une cuillère depuis plusieurs jours, il avait passé la nuit de la veille à faire du sport et à boire du café, avant de s’injecter des stéroïdes au petit matin.

Une arme artisanale brandie par le détenu et un coup de poing au visage

À 9h50 ce matin-là, il demande à aller faire une lessive. Dans la coursive, il sort une arme artisanale et menace les deux surveillants qui l’escortent : une jeune femme dont c’est la première affectation et un stagiaire de 23 ans à l’époque. Il oblige ce dernier à s’agenouiller, lui assène un coup de poing dans l’œil et le menotte dans le dos. Puis tous retournent dans la cellule. Il fait ouvrir les portes de deux autres détenus. Ces deux derniers vont tout faire pour essayer de calmer le jeu.*

Entretemps, les équipes d’intervention de Rennes sont appelées en renfort, ainsi que le Raid. Au bout de deux heures, la surveillante est relâchée. S’ensuivent deux autres heures durant lesquelles le surveillant stagiaire reste otage, menacé de mort à de nombreuses reprises par Sofiane Rasmouk. Ce dernier finit par se rendre à 13h55.

Des surveillants marqués à vie, encore traumatisés

Profondément choquée, la surveillante se voit prescrire une ITT de trois jours, six jours pour son jeune collègue blessé à l’œil. “Face à cet homme condamné à la perpétuité qui n’avait rien à perdre et qui l’a menacé une centaine de fois, il s’est vu mourir“, raconte son avocat Thomas Jourdan-Demars. “C’est toujours très compliqué pour moi aujourd’hui, témoigne le jeune homme devant le tribunal. Heureusement que je suis bien entouré par ma famille, mais je ne pourrai jamais oublier“.

Des images qui reviennent en mémoire tout le temps, c’est aussi ce que raconte sa collègue. “Aujourd’hui, j’ai toujours peur, je suis marquée à vie“. Elle est retournée vivre auprès de ses parents en Guadeloupe. “Elle n’a pas de blessure à montrer mais elle a disparu ce jour-là, elle ne sourit plus, n’a plus de vie personnelle, elle a tous les symptômes du stress post-traumatique“, déplore son avocate Anne-Sophie Rodrigues da Silva.

Après de longs mois d’arrêt, tous deux ont repris leur travail, mais désormais, ils exercent en milieu ouvert, dans des services d’insertion et de probation.

Sofiane Rasmouk voulait dénoncer les conditions de détention à Condé

Face à eux, Sofiane Rasmouk comparait en visio de la prison de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées où il est détenu. “Je voulais dénoncer les conditions de détention à Condé-sur-Sarthe, explique-t-il. Depuis l’attentat (commis par Michaël Chiolo en 2019) ils ont réduit toutes les activités, ils ont cimenté le potager dans la cour de promenade...” “Ce n’est pas le procès de l’administration pénitentiaire, le coupe le président, c’est le vôtre !

Lors de la prise d’otages, il avait également évoqué l’aide qu’il aurait apportée par le passé à l’administration pénitentiaire pour déjouer deux attentats, en infiltrant des détenus radicalisés, et regretté de n’avoir rien obtenu en retour. À l’audience, il ne le revendique plus.

“Mon client est un monstre, un violeur, un bourreau, mais il a une part d’humanité”

Quant à savoir s’il mesure la gravité de ses actes, comme le lui demande l’avocat du surveillant. “Quand vous rentrez dans l’administration pénitentiaire, vous savez où vous mettez les pieds, c’est un boulot risqué, répond-il. Le milieu carcéral est un monde violent rempli de testostérone. Je reconnais qu’ils ne sont pas là pour se faire prendre en otage, mais la vie continue“. Écœurés, les deux surveillants quittent la salle quelques minutes.

Mon client est un monstre, un violeur, un bourreau, reconnait son avocat Florian Guillot. C’est même son surnom, le “monstre de Colombes”. Mais malgré son comportement détestable, malgré la gravité des faits, mon rôle c’est d’essayer de montrer qu’il a encore une part d’humanité.” Il tente de plaider une relaxe partielle.

Un acte prémédité et un détenu déterminé

Il était déterminé à en découdre, et s’est donné du courage et de la force toute la nuit précédente“, accuse la procureure Laetitia Mirande. Décrit comme violent et dangereux par les experts, rappelle-t-elle, elle réclame une peine de huit à neuf ans de prison “qui ne changeront rien parce qu’il est déjà condamné à perpétuité, mais cette audience a du sens pour la société.

Jugé pour séquestration, menaces et violences, Sofiane Rasmouk a été reconnu coupable de l’intégralité des faits et condamné à huit de prison, ainsi qu’à l’interdiction de détenir une arme pendant dix ans. Le tribunal a également fait droit à l’intégralité des demandes des parties civiles. 37.000 euros au total, un montant qui pourra être révisé en fonction des expertises médicales qui auront lieu quand l’état des victimes sera consolidé.

*Ces deux détenus ont été félicités par l’administration pénitentiaire pour leurs actes de bravoure et ont bénéficié de réductions de peines exceptionnelles.”

 

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@ France Bleu – Nolwenn LE JEUNE