Vu dans Le Télégramme : "Saint-Brieuc. Il avait mis le feu à un immeuble de la rue du Port" - Thomas JOURDAIN-DEMARS
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Vu dans Le Télégramme : “Saint-Brieuc. Il avait mis le feu à un immeuble de la rue du Port”

Vu dans Le Télégramme : “Saint-Brieuc. Il avait mis le feu à un immeuble de la rue du Port”

Cinq ans après l’incendie volontaire d’un immeuble de la rue du Port à Saint-Brieuc, un homme de 30 ans, reconnu depuis handicapé, a été jugé par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, ce mardi 1er février. Il ne sait toujours pas expliquer son geste.

“Les faits sont graves, mais simples.” Ce mardi 1er février, la présidente résume le contenu du seul dossier à l’ordre du jour de l’audience correctionnelle. Celui d’un incendie volontaire, allumé dans le débarras d’un immeuble de la rue du Port, à Saint-Brieuc, dans la nuit du 9 au 10 mai 2017, et qui avait rapidement conquis les deux étages du bâtiment. Le prévenu est un homme de 30 ans reconnu depuis handicapé.

La magistrate l’interpelle : “Des gens dormaient dans cet immeuble, monsieur. Certains ont dû sauter par la fenêtre pour s’échapper. Une personne s’est même réfugiée sur le toit, parmi tous ces gens, une femme était enceinte”. Elle est présente à l’audience, assise sur le banc de la partie civile, avec deux autres victimes.

Un homme étrange

Les pompiers et les forces de l’ordre étaient intervenus à 1h25 du matin. Et sur place, ils avaient trouvé cet individu, un peu étrange, et qui prétendait les avoir prévenus. Il est alors fortement alcoolisé, et son comportement finit par lui valoir une interpellation. Et si les explications en garde à vue sont confuses, il finit par reconnaître les faits.

Cin ans après l’incendie, “qui aurait pu être dramatique”, il n’arrive toujours pas à mettre des mots sur ses intentions. “Je devais amener quelqu’un tous les soirs j’en avais marre”, bredouille-t-il. “Et j’entendais des voix”. La présidente se fâche doucement. “C’est nouveau ça… Il ne faut pas reconstruire les choses, d’accord ? Est-ce que vous savez pourquoi vous avez mis le feu ?” “Non”, dit-il.

“Trouver un kebab”

Cette nuit-là, il avait bu. Il ne voulait pas rentrer tout de suite chez ses parents. “J’avais peur de me faire disputer”. Il attend dans sa voiture que les effets de la boisson se dissipent un peu. Rumine. Va se garer dans une rue pour “trouver un kebab”. Puis rentre dans cet immeuble “parce que la porte était ouverte” et qu’il voulait “se reposer”. Puis met le feu. “Et ça vous a fait quoi de voir, le feu, d’entendre les gens hurler ?”, l’interroge encore la juge. “J’avais peur de me brûmer”, répond-il. Puis il se reprend : “C’est grave ce que j’ai fait”.

“Humilié au travail”

L’expertise psychiatrique a identifié chez lui un handicap, un “retard” depuis l’enfance, qui engage une altération de son discernement. Mais complique l’évaluation de sa dangerosité. “C’est quelqu’un de fragile”, a plaidé sous avocat Me Jourdain-Demars. “Il faut penser qu’il a été humilié au travail, à cause de cette lenteur, parce qu’il travaillait sans être reconnu handicapé”. L’avocat ose une hypothèse : “Je pense à une fascination du feu. Il voulait devenir pompier. Son père a fait carrière comme pompier volontaire. Et il met le feu ? Ca interroge”.

Il a été condamné à cinq ans de prison dont deux ans assortis d’un sursis, avec obligation de soin et de travail. Il a déjà purgé une partie de sa peine ferme en détention puis sous bracelet. Le reste sera soumis à un aménagement”.

 

@Le Télégramme – Dimitri Rouchon-Borie

 

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